EMDR : EYES MOVEMENT DESENSITISATION and RECOGNISATION
= désensibilisation et re-programmation par les mouvements oculaires.
Mme Francine SHAPIRO, professeur de poésie américaine, qui a développé un cancer et s’est intéressée à la psychologie, traverse un parc, en mai 1987, en broyant des idées noires, idées qui ont disparu à la sortie de ce jardin.
Elle cherche ce qui a pu provoquer ce changement et ne trouve que les mouvements des yeux.
Après des essais sur elle-même et sur des amis, elle fonde l’EMD. Ceux qui l’observent travailler notent l’importance de son questionnement. Elle dirige l’entretien dans lequel interviennent les mouvements oculaires.
Cette approche s’appellera EMDR ou TAI pour "Traitement Adaptatif de l’Information".
L’idée de base est qu’il existe un système inné qui traite l’information. Il se comporte comme les autres systèmes du corps, programmés vers la guérison.
Il peut être bloqué par un événement traumatique ou des stresseurs chroniques. Le bouleversement du système empêche l’intégration correcte de l’information qui est alors stockée de manière dysfonctionnelle, telle qu’elle fut perçue.
Ces souvenirs non traités influencent les pensées, les émotions, les comportements actuels et sont considérés comme la base de la pathologie. La problématique actuelle apparaît comme la manifestation des expériences antérieures.
Il faut remarquer que l’événement est mis en mémoire avec toutes les caractéristiques du moment : les sens (images, sons, odeurs, goûts, contacts…), les pensées, les émotions et les croyances qui en découlent. Ces croyances (ex : je suis coupable, je n’y arriverai pas, j’ai peur de sortir, je ne vaux pas grand chose…) vues comme une interprétation des perceptions de l’événement, sont les principaux symptômes de la maladie.
L’approche EMDR comprend 3 temps :
– Il faut d’abord agir sur les évènements du passé, retrouver le trauma-source lié à un niveau de perturbation élevé.
– Il faut aussi agir sur les évènements du présent qui nous rappellent le trauma initial. Ces déclencheurs actuels nous ramènent au passé par l’excitation de réseaux mnésiques qui sont des groupes de souvenirs contenant de l’information similaire.
Tout le monde a pu remarquer comment une odeur, une couleur… réveillent des souvenirs.
– Enfin, il faut exprimer les besoins futurs avec des croyances en général opposées aux croyances initiales.
Le déroulement des séances suit 8 phases.
1. L’histoire : où l’on recherche le trauma-cible et les éventuelles contre-indications (état suicidaire, épilepsie, crises cardiaques récentes…)
2. La préparation : elle consiste à préparer un lieu sûr où l’on pourra se réfugier à tout moment si le traitement devient dur à supporter.
3. L’évaluation : des indices sur la force de la perturbation cible et le niveau de la croyance induite permettront de suivre le bon déroulement de l’EMDR. La localisation des sensations corporelles est précisée.
4. La désensibilisation : les mouvements oculaires vont stimuler le traitement adaptatif de l’information. Le patient plonge dans son trauma de la façon la plus précise possible tout en bougeant ses yeux ou bien en recevant des stimulations auditives ou tactiles alternées. Au fur et à mesure que les perceptions actuelles se lient aux réseaux de la mémoire, différents composants issus de souvenirs antérieurs sont vécus. Cette phase se termine lorsque le trauma cible obtient un indice de perturbation nul.
5. L’installation : le traitement est renforcé avec une ouverture vers le futur. La nouvelle croyance, plus favorable que la précédente, doit obtenir un indice de vérité maximum.
6. Le scanner corporel : le patient recherche toute sensation physique restante en détaillant son corps. S’il s’agit de sensations d’inconfort, les stimulations alternées sont poursuivies jusqu’à leur disparition.
7. Clôture : résumé de la séance, vérification de la stabilité émotionnelle du patient, demande de tenir un journal pour les jours qui suivent.
8. Réévaluation : à la séance suivante, on évalue les effets du traitement et on explore ce qui a émergé.
On peut attendre de la pratique de l’EMDR une libération des tensions physiques et émotionnelles. Diverses études ont montré la supériorité de l’EMDR sur le Prozac®. La rigueur du traitement influe directement sur les résultats obtenus.
On ignore le mécanisme d’action de l’EMDR. L’hypothèse la plus séduisante met en valeur l’opposition entre deux systèmes hormonaux.
– Système adrénergique de l’orthosympathique mis en jeu lors des réflexes de survie.
– Système cholinergique du parasympathique utilisé lors de la digestion et du traitement de l’information.
L’information relative à un souvenir traumatique, avec son vécu de détresse, provoquerait une activation adrénergique qui ne permettrait pas le traitement de l’information. On a pu prouver une augmentation de la sécrétion d’acétylcholine lors de l’EMDR comme lors des mouvements rapides des yeux (REM) du sommeil paradoxal.
Pour résumer : il suffit d’évoquer un traumatisme tout en remuant les yeux pour atténuer les effets de cet évènement sur le corps. Plus on est précis dans le souvenir et mieux cela marche. La simplicité de la méthode permet de l’appliquer aisément aux "quatre pattes" par l’action du propriétaire qui bouge les yeux en touchant l’animal.
Quand le trauma est connu (accident, abandon, correction…) ou deviné (le viscère dysfonctionnel nous donne l’indication de l’émotion selon l’énergétique chinoise) je demande à la personne la plus impliquée dans l’évènement ou l’émotion de fermer les yeux et de loucher tout en se souvenant de l’histoire cible et en touchant l’animal.
Dans un deuxième temps : on renouvelle ce processus en modifiant la fin de l’évènement. La sensation de libération tissulaire obtenue me semble plus rapide et plus puissante qu’avec mes propres moyens.
La plupart du temps la perturbation détectée chez l’animal peut être retrouvée chez une des personnes qui l’entourent.
Tout se passe comme si une information thérapeutique passait alors du maître à l’animal et pouvait les soigner tous les deux.
Imaginez une rayure sur un disque vinyle. A chaque tour de disque, le saphir retombe sur la blessure. Il fallait une petite pression sur le saphir au moment précis du passage sur la rayure pour continuer la lecture.
Il en est de même pour le corps : la maladie est une altération du déroulement du temps. Le passé est au présent. Dans notre travail d’ostéopathe, nous donnons tous une petite information, au bon moment, au bon endroit.
Pourquoi pas en bougeant les yeux ?…
Bibliographie
– Institut Français d’EMDR info@essentia.fr
– SERVAN SCHREIBER "Guérir" – Collection Réponses – Robert Laffont - 2003
– ROQUES jacques "Découvrir l’EMDR" – InterEditions 2008
– SHAPIRO Francine "Manuel d’EMDR" – InterEditions 2007
– Articles sur www.emdr-france.org